Chère toi-même (ou moi-même d'ailleurs ? Je me tutoie, parce que s'auto-vouvoyer c'est grave la classe quand même...)
Chère vous, ( on dirait que je me drague, c'est troublant, je ne sais pas, je sais que j'ai la peau très douce.... qu'est-ce qui m'arrive !)
Toi (directe et spontanée, tout toi ça ! Bon c'est un peu ta lettre, alors tu peux te balancer quelques fleurs, peut être même un bouquet, il y a tant à dire sur toi!)
Lettre à lire dans 5 ans minimum
Tu es à quelques semaines de ton quart de siècle, tes 25 ans, ta fleur de l'âge et tu t'écris.
Peut-être as-tu besoin d'un bilan à ce moment précis de ta vie.
Tu es partie voilà plus de 10 mois de ton Sud, tes repères, là où tu n'étais jamais partie plus de 3 semaines. Pour certains tu as fait le choix de quitter le soleil pour de la grisaille, pour d'autres tu quittais le monde des regards baissés pour avoir une vie les yeux bien ouverts...
Mais ce qui t'importait plus à ce moment là, c'était TOI.
Tu étais triste dans le sud, tu suivais mais ne menais pas ta vie.
Tu souriais mais pleurais en secret. Tu avais tes amis, ta famille, et... c'est tout.
Tu te contentais de soirée à boire des verres, à rire et sourire, mais pas à profiter de la vie.
Rien ne tournait rond pour toi mais tu l'ignorais.
Quand tu es rentrée chez tes parents, après 5 ans d'absence, tu t'es contentée de trouver un boulot et continuer une vie de routine, une vie de merde.
Tu t'aies tout de même offert tes premières vacances seule ! Les premières avec ton meilleur ami, les secondes SEULE ! (ces vacances qui (t'ont planté la graine dans la tête, le temps l'a fait germé)
Le lieu de destination ? Tu y vis désormais, du moins je l'espère que quand tu liras cette lettre tu y sois encore, cette ville est pour toi à moins que ce ne soit l'inverse.
Quand ton contrat s'est fini tu as hésité, tu t'es cherchée, tu ne t'es pas trouvée.
Étude de tourisme ? Intéressant, mais pas assez... il manque quelque chose...
Tu ne souhaites pas travailler dans le tourisme mais être la touriste, alors un jour t'as pris cette décision, trouver un boulot, te laisser deux mois et te casser dans la ville qui te saupoudre les yeux de paillettes.
Te croyais-tu franchement capable de le faire quand tu as pris cette décision ? NON
Pensais-tu que tu allais revenir au bout de 6 mois de détente parisienne ? EVIDEMMENT
Tu étais sûre de ton choix de départ, mais pas de la qualité de vie que tu allais avoir.
Et pourtant...
Cette intuition négative (sûrement ton penchant naturel pour la sous estimation, j'espère que quand tu liras ceci, tu l'auras enfin combattue), tu lui as prouvé que tu avais tord.
Tu t'es aperçue que tu avais pris la meilleure décision en revenant deux semaines dans le Sud, le sentiment de vide t'es réapparu, ainsi que l'ennui, la sieste et le truc typique du sud, le fameux « contente toi de rien faire, on a le soleil, de la mauvaise foi en disant que notre région est la plus belle et rien d'autre, de toutes façons (si ce n'est des envies de suicide) ».
Tu avais TOUT : la culture à porter de mains (parfois contre quelques euros, parfois contre une pièce d'identité), les monuments offrant leurs plus belles façades, et les plus belles balades que tu ne feras jamais ailleurs.
La carte de sport et de ciné en plus, que demander au peuple ?
L'amour t'aurais dit certains en octobre 2012.
Faut dire que pour toi c'est sacrément le foutoir ! Mais visiblement en 2012 t'étais toujours pas prête à t'engager, pourtant tu savais que tu avais toutes les conditions requises planquées au fond de toi, mais à ce moment là, tu ne savais combien de temps votre partie de cache cache allait durer entre elles et toi...
Bien sur, quand tu liras cette lettre, tu te souviendras de la fille paumée mais aventurière que tu étais.
Tu ne savais pas où ton cœur se trouvait, mais tu savais où était ton corps.
Tu disais que ton cœur se trouvait entre tes reins (avec une certaine point de fierté parfois), et ton cerveau à la place du cœur, que rien n'était à leur place, et que tu t'en foutais, et dieu que c'était vrai.
Le regard des autres ne comptait pas, tu vivais pour toi, et tu emmerdais tout ceux qui ne comprenaient pas.
Tu étais fière mais tu avais un cœur de guimauve, solide en apparence mais tout mou dès que l'on appuie dessus, un cœur d'artichaut prêt à s'attacher au premier sourire, un cœur de pierre refusant de s'attacher au plus gentil et tendre, un cœur de conne s'attachant aux cons.
En fait tu avais un coeur en libre service dans un banal rayon de supermarché, prêt à être jeté dans le premier caddy...
Chère Elodie j'espère que 2017 t'auras apporté tout ce dont tu voulais et que ta vie soit à la hauteur de tes espérances.
J'espère t'avoir fait sourire, et je souhaite de tout coeur que tu n'aies pas quitté la capitale ou du moins que tu y reviennes régulièrement.
A l'époque tu signais tout de cette façon:
From Paris with Love